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MARÍA ISABEL BIEDMA
Ah! vivre lheure ainsi dans une longue extase, Dans l'azur ébloui de ton réve torquoise,
Y retenir le temps contre son coeur pressé,
Ne sentir plus l'instant pour toujours nous laisser!
Pas une onde ride ta transparente soie,
Tu vis sans demander: est-ce douleur? est-ce joie? En révant tu regardes les astres, le soir
Us traínent leur clarté sur ton calme miroir.
O lac! que ta beauté m'est dcuce et me pénétre, Je sens par toi frémir l'inconnu dans mon étre! La nuit peut donc tomber, éteindre tes lueurs: Mais je tiens ta clarté á jamais dans mon cazur.
Le temps peut nous donner d'autres soirs chimériques Faits de rose, d'argent, d'or et de bleu mystique. Les mémes clochettes tinteront leurs clairs sons,
Et lair de la forét sera frais, sera bon,
Mais la vie qui meurtrit, mais la vie qui délivre M'entraínera vers l'inconnu, car l'inconnu c'est vivre Et je ne serai plus la méme de ce soir!
Quels seront mes désirs, ó lac! quels seront mes espoirs?
LES VAINCUS
Emportés par les flots d'une mer sans rivage,
Le coeur lourd de sanglots, et de honte et de rage, Les vaincus par la vie, ce récif mort-vivant,
A quelque chose de sombre, d'effroyable et de grand.
Destinés par le sort dans le plus long silence, N'ayant rien á donner, pas méme l'espérance, Enchainés lourdement dans le mépris humain, N'ont plus méme á réver un glorieux lendemain.